
Préambule
Julienne THROUDE (1910-2001) est née à Saint-Rémy-Boscrocourt, dans le Petit Caux. De cette région de Normandie partirent et moururent à la guerre de 1914-1918 plusieurs soldats. On ne parlera jamais assez de cette première guerre mondiale, appelée aussi la "Grande Guerre" où les soldats, conditionnés par la haine du "boche" après la défaite de 1871, étaient considérés comme de la chair à canon par des généraux avides de médailles et nostalgiques de la gloire passée. Il faut se souvenir qu'en mai 1871, par le traité de Francfort, la France perdait l'Alsace et la Lorraine.
A l'initiative de Raymond Poincaré, qui était lorrain, les maîtres enseignèrent aux écoliers âgés de plus de 12 ans que l'ennemi héréditaire de la France était l'Allemagne. Dans ce contexte, comment ne pas comprendre l'attitude revancharde de certains conscrits. Cette guerre fut une épouvantable boucherie où près de 800.000 poilus périrent lors de la première semaine de conflits. Les noms qui suivent sont seulement ceux présents dans notre arbre généalogique picard.
Les morts du Vimeu pendant la guerre de 1914-1918
Date décès | Nom et prénoms | Lieu et circonstances |

En fait, cette guerre fut
déclenché par le jeu mécanique des alliances
: la Triple‑Alliance entre l'Allemagne, l'Autriche‑ Hongrie et l'Italie
dès 1882, et la Triple‑Entente, entre la France, la
Grande‑Bretagne et la Russie, à partir de 1907.
Après l'assassinat de l'archiduc héritier du trône des Habsbourg le
28 juin 1914, à Sarajevo, l'Autriche déclara la
guerre à la Serbie, alliée de la Russie : ce fut alors le point de
départ d'une guerre meurtière qui durera 5 ans.
Les hostilités démarrèrent en août 1914 avec l'invasion de la Belgique,
la prise de Liège et de Charleroi.
La marche allemande sur Paris sera contrée par l'offensive lancée par
Joffre. C'est la fameuse bataille de la Marne
où, après plusieurs jours de combats acharnés, le général allemand
Moltke est contraint d'ordonner un repli général, qui reporte le front
70 km plus au nord, sur l'Aisne.
Les armées s'affrontent ensuite sur la Somme et dans le Nord lors des
combats de la "Course à la mer" et de la "mêlée des Flandres". Les
Allemands sont alors contenus au nord d'une ligne passant par Reims,
Soissons, Arras, et aboutissant à la mer du Nord, sur la côte belge. Le
front est stabilisé en décembre 1914 : il forme un trait
continu qui s'étire sur 750 km qui voit l'installation de la
guerre des tranchées.
Alors que l'armée allemande doit contenir à l'est l'offensive russe,
l'entourage de Joffre rêve de percer à l'ouest
les lignes adverses sur un vaste secteur pour contraindre le recul de
l'ensemble du front et revenir à la guerre de mouvement. Plusieurs
attaques infructueuses sont lancées en 1915, en Champagne, en
Argonne, en Artois. Le chiffre des pertes est si élevé (400.000 morts)
que le crédit du commandement en chef est atteint.
De février à octobre 1916, le général von Falkenhayn (qui a
remplacé Moltke), fait porter l'effort allemand sur les défenses de
Verdun, point avancé et isolé du front français. Des combats terribles
s'y déroulent.
Joffre choisit de lancer malgré tout le projet d'offensive sur la Somme
qu'il préparait depuis plusieurs mois. Malgré quelques succès, en
juillet 1916, l'engagement sur la Somme se transforme en
boucherie, s'essouffle dès le 14 juillet et tourne court en
novembre. Le sauvetage de Verdun est, à ce moment, assuré au prix de
pertes encore supérieures, et la situation apparaît plus que jamais
bloquée. La stratégie de la guerre de position diffère totalement de
celle de la guerre de mouvement. L'artillerie joue désormais un rôle
fondamental, notamment en préparation à tout assaut d'une tranchée
ennemie. Ces assauts se font souvent baïonnette au canon et sont d'une
sauvagerie extrême.
De plus, la guerre des tranchées est à l'origine de l'emploi des gaz
asphyxiants, utilisés pour la première fois à Ypres par les Allemands,
le 22 avril 1915.
En décembre 1916 Joffre dut céder sa place au vainqueur de
Verdun, le général Nivelle. Celui-ci décida d'une nouvelle attaque
massive sur le Chemin des Dames contre des défenses que les Allemands
viennent de consolider. L'échec de l'opération est tel qu'il doit se
retirer le 15 mai 1917. Mais le mal est fait : des
mutineries ont éclaté parmi les troupes françaises placées en première
ligne, exaspérées par la conduite de la guerre et le mépris des
généraux pour la vie des soldats.
La répression est sévère : Pétain, qui vient de remplacer Nivelle, fait
condamner à mort 554 mutins dont 75 seront exécutés, mais il a aussi
l'habileté d'introduire des améliorations dans l'organisation des
permissions et du cantonnement. Le mécontentement est ainsi désamorcé,
d'autant que Pétain décide d'attendre les Américains dont les premières
troupes débarquent le 26 juin 1917.
Les bolcheviks ayant abdiqué le 3 mars 1918, les allemands peuvent
concentrer leurs troupes sur le front ouest.
En plusieurs points stratégiques du front, ils portent jusqu'au début
de juillet des coups de boutoir dont aucun ne sera vraiment décisif. À
partir du 18 juillet, la première vraie contre‑offensive
française (deuxième bataille de la Marne), dans la région de
Château‑Thierry, parvient à annuler toute avance des Allemands, qui,
harcelés, doivent se replier, le 6 août, derrière la ligne fortifiée
Hindenburg. L'équilibre des forces, en hommes comme en matériel, est
alors en train de se renverser irrémédiablement en faveur de l'Entente,
grâce aux renforts américains et à la fabrication en série des nouveaux
armements (chars, avions, artillerie). Le coup de grâce vient des
Balkans, où l'armée de Franchet d'Esperey écrase les troupes bulgares
le 15 septembre. L'Autriche‑Hongrie n'est plus défendue au
sud, et toute possibilité de liaison avec le champ de bataille
proche‑oriental, où le général britannique Allenby triomphe des Turcs,
est perdue pour l'Allemagne. Fin octobre, c'est l'empire des Habsbourg
qui craque de toutes parts, enfoncé à Vittorio Veneto par les Italiens.
Charles Ier signe l'armistice le 3 novembre.
L'Allemagne se disloque à son tour : mutinerie de la flotte à Kiel,
émeutes à Cologne et Munich, insurrection spartakiste à Berlin. Pour
rétablir le calme et éviter la victoire du bolchevisme,
Guillaume II finit par consentir à l'abdication. L'armistice
est signé le 11 novembre 1918 au matin, alors que la
république a déjà été proclamée à Berlin.
Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, après
les longues et complexes délibérations du conseil des Quatre (Wilson,
Lloyd George, Clemenceau et Orlando), attribuait à l'Allemagne la
responsabilité morale de la guerre et lui imposait de dures conditions,
sans discussion possible.
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