
Préambule
"J’ay entendu plusieurs foys mon père et ma mère qui le scavaient seulement par tradition de père en fils, que notre maison était seule, et qu’alors elle s’appelait Couppegueule, parce qu’en ce temps-là l’étranger tenait la Picardie empechoit qu’on porta des vivres et autres choses en Normandie. Au sorti de notre maison étaient les champs depuis par succession de temps. Il y en eut un de nos anciens qui fut Bailly d’Ault, qui fit faire une Croix de Bois sous le pignon qui y est encore de présent à cause de quoy elle changea de nom avec le temps et fut appelée la Croix au Bailly" (Antoine DUPONT, 1595).
La mort tragique de Pierre DUPONT, père de Laurent
Les écrits
rapportent en outre que "l'on retrouva le corps de Pierre DUPONT, père
de Laurent, tué par un détachement de Bourguignons et d'Anglais en 1478
dans le bois de Nifrigny.
Son bras était distant du corps d’environ vingt pas et un doigt avait
été coupé pour en tirer une bague d’or. Il fut inhumé dans l’église
Saint Quentin à la Croix au Bailly devant l’autel Notre Dame.
Le couple habitait une maison isolée entourée de champs appelé
"Couppegueule" parce qu’en ce temps-là l’étranger tenait la Picardie et
empêchait qu’on porta des vivres et autres choses nécessaires en
Normandie" (sources René HELOT, archives familiales).
Il semblerait toutefois que le narrateur ait fait une confusion,
s'agissant du détachement ennemi. Reportons-nous en 1477, date de la
mort de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et comte de Flandres.
Louis XI en profite pour occuper le duché de Bourgogne et le comté
d'Artois et attaquer les comtés de Flandres et de Hainaut. Marie de
Bourgogne, fille et héritière de Charles le Téméraire épouse alors en
hâte l'archiduc Maximilien d'Autriche qui mène dès lors la
contre- offensive. Ce sont donc en 1478 des troupes de soldats
Bourguignons faisant route vers le nord qui sillonnent la Picardie, et
en aucun cas des Anglais. L'année suivante eut lieu la mémorable
bataille de Guinegatte (7/8/1479) dont Maximilien sortit victorieux.
Je pense que le narrateur a fait une confusion avec la seconde bataille
de Guinegatte (16/8/1513), soit 65 ans après la mort tragique de Pierre
DUPONT, opposant les troupes françaises de Louis XII à la coalition
anglo- germanique de Henry VIII et d'un autre Maximilien (l'empereur
Maximilien 1er) et où fut fait prisonnier BAYARD, le chevalier sans
peur et sans reproche !
La Croix-au-Bailly, sa plaque commémorative et la descendance de son fondateur