Préambule

La grande nacre {Pinna nobilis (Linné, 1758)}
Egalement appelée "jambonneau de mer", la grande nacre est l'un des plus grands coquillages existant dans le monde : elle peut mesurer jusqu'à 90 ou 100 cm.

On la trouve en France principalement autour des îles méditerranéennes (Iles des Embiez, de Bendor, d'Hyères, de Lérins, Corse), en Sardaigne, sur les côtes yougoslaves, nord-africaines, etc. La face interne des valves est recouverte de nacre, surtout vers le pied, ce qui lui a valu son nom.

Les espèces protégées : la grande nacre

Elle vit à demi enfoncée dans le sédiment, enracinée grâce à sa sécrétion filamenteuse appelée byssus, principalement dans les herbiers à Posidonia oceanica, entre la surface et 40 m de profondeur. Sa coquille, dont le bord antérieur est arrondi, est de forme triangulaire, effilée vers le pied et présente des excroissances calcaires sur toute sa surface. Avec le temps, elle se recouvre presque entièrement d'une foule d'organismes lui procurant un parfait camouflage, tels que algues, éponges, vers, ascidies, bryozoaires, huîtres... La coquille est enfoncée par la pointe sur à peu près le tiers de la longueur, en fonction de la taille de l'individu et des conditions du milieu. Néanmoins elle peut effectuer des déplacements lents et limités grâce à son pied, ce qui explique pourquoi on retrouve les nacres à différents niveaux de profondeur : les juvéniles se situeront plutôt à faible profondeur alors que les individus âgés se rencontreront jusqu'à moins quarante mètres. Contrairement aux moules qui vivent en groupe, la nacre est solitaire et il est donc rare de rencontrer des individus groupés.

La nacre a même un locataire à l'intérieur de sa coquille : un petit crabe, le pinnothère. On peut voir souvent la nacre avec ses valves entrebâillées : c'est qu'elle est en train de filtrer l'eau nécessaire à son oxygénation et à sa nutrition. Sa nourriture se compose de particules en suspension et d'algues unicellulaires de petit diamètre. Elle représente un intérêt fondamental pour la Méditerranée car sa capacité de filtration est de l'ordre de 2000 litres d'eau par jour. La reproduction de Pinna nobilis est difficile. En effet, c'est un hermaphrodite protandre, c’est à dire que les jeunes individus sont mâles puis se transforment en femelles en vieillissant. Il faut donc que des jeunes et des vieilles nacres soient au même endroit pour que la reproduction puisse avoir lieu. La maturation des oeufs et le développement larvaire se font en pleine eau. Après sa vie planctonique, la larve, alourdie de sa coquille, tombe sur le fond et se fixe ; elle mesure alors environ 2 cm. Sa coquille, transparente, ornée de fines excroissances calcaires, est fragile.

grande nacre

Nombreux sont ses prédateurs : gastéropodes carnivores du genre Natica, poulpes, sars, daurades. Le taux de mortalité à ce stade est très élevé. Autrefois abondante dans toute la Méditerranée, elle est maintenant devenue rare sur nos côtes. Jadis les romains utilisaient sa nacre pour confectionner des bijoux et les filaments du byssus pour tisser des vêtements. La légende veut que cette fine chevelure servit à confectionner la fameuse "toison d'or" convoitée par les Argonautes.

Aujourd'hui, fragilisée par le recul des herbiers à Posidonie, décimée par la pollution entraînant l'extermination des larves, décimée également par le prélèvement abusif pratiqué par des plongeurs avides de souvenirs, par le mouillage et le chalutage pratiqués à faible profondeur qui détruisent leur écosystème, Pinna nobilis et sa cousine Pinna pernula ne doivent leur salut qu'à la protection de leurs espèces grâce à l'arrêté du 26 novembre 1992.

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